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Évoluer au contact de la « différence »

Publié le 8 avril 2019 par

Depuis quelques années, dans mes rencontres familiales, je côtoie une personne qui souffre du spectre de l’autisme. Je sens bien qu’elle ne fait pas les choses de la même manière que moi. Je détecte une certaine réserve de sa part pour entrer en contact avec l’autre. Comment être, comment agir devant la différence, devant une personne d’une grande sensibilité? Il est clair que j’ai à m’ajuster à ce qu’elle est.

Au tout début, mes premiers réflexes sont ambivalents : je me garde à distance d’elle et, désirant être gentille, j’en fais trop. Je me questionne : « Où est mon amour pour l’autre? »

Je constate rapidement la nécessité de m’attarder à ce vécu auquel je fais face.

L’analyse de mes sensations et la relation d’aide PRH deviennent pour moi des moyens pour croire à une rencontre possible dans la différence. Je retrouve cet espace en moi qui me donne la direction, celle de m’incliner devant cette vérité : « la personne humaine, un sacré en moi ».

Ce réel me remue profondément et stimule en moi mes valeurs de fond pour mieux accueillir la différence de l’autre : le respect, l’amour devant le sacré, la grandeur de la personne et l’émerveillement. Mon cœur s’attendrit et je consens pour oser la rencontre. Je me sens prête, disposée à faire des pas, non pas pour la changer, mais laisser tomber mes réserves pour l’apprivoiser, la côtoyer et la connaître dans ses intérêts, dans ses profondeurs et limites.

Chaque rencontre est une occasion pour la découvrir, m’émerveiller de ses qualités d’être et de ses capacités humaines qui se vivent d’une manière naturelle. Sa bonne humeur, sa candeur, sa simplicité, sa bonté, sa gentillesse, sa douceur, sa joie face à la vie, sa reconnaissance devant ce qu’elle reçoit et son besoin de proximité font d’elle une personne attachante. Ma tendresse et mon affection émergent à mon insu. La distance entre nous s’atténue progressivement. Mon amour pour elle atteint un niveau en moi qui m’apparaît plus grand que moi.

J’apprécie de plus en plus ces moments avec elle. Cela m’oblige à modifier mon rythme de vie. J’apprends à progresser dans la cohabitation de nos différences en nous accueillant l’une l’autre dans nos intérêts respectifs. Une évolution simultanée face à notre place à occuper est plus visible. Je nous sens plus heureuses de nous retrouver, car nous nous sentons libres d’être qui nous sommes chacune, et ce, dans de plus en plus de confiance. Je pourrais dire que mon cœur a raison de ma tête, de mes raisonnements.

En osant la rencontre avec la différence, je vis une expérience d’humanité. Je vis une joie de me pencher sur la personne pour mieux la révéler à elle-même et à moi-même. Une douceur nouvelle est là : laisser la différence me faire évoluer. Cette personne différente, placée sur mon chemin, est un cadeau que je n’aurai jamais fini de déballer.

Avez-vous cette expérience de transformation au contact de la différence?

Doris Hébert, formatrice PRH

4 commentaires pour : Évoluer au contact de la « différence »

  1. Bravo pour cette belle réflexion sur la différence. Mon expérience professionnelle m’a d’abord menée auprès des enfants différents. Un trésor précieux pour assumer mes propres différences. Aujourd’hui, à la résidence où j’habite ce sont des personnes plus âgées qui m’intepellent dans mon cheminement de vie. Quelle diversité! Souvent c’est l’ignorance qui nous mène puis, pour peu que l’on s’y engage, la relation se crée. Imaginez si l’on était tous pareils comme ce serait triste et franchement embêtant!!!!!

  2. Bonjour Doris. Merci beaucoup pour le partage de votre expérience. Je peux dire la même chose que vous. Je côtoie des jeunes porteurs d'un handicap mental. Ils sont magnifiques de spontanéité, d'humanité. C'est dans notre regard d'abord qu'est la différence, dans notre besoin de relations normées. Certes, il y a des excès sensibles, mais combien de moments "magiques" de spontanéité et de vérité ? Sans minimiser les difficultés, sans les idéaliser, ils me rendent plus humain, plus humble, plus simple et fraternel. Je leur dois beaucoup.

  3. Bonjour Doris, j’aime ton propos riche et humble. En ce mois de l’autisme dont un thème est : Apprenons à communiquer avec les personnes autismes, par ton témoignage tu es inspirante. Pour ma part, j’ai cottoyé sur plusieurs années des personnes atteintes d’un déficit intellectuel. Elles m’ont ouvertes à un chemin de sincérité que je n’avais jamais touché. Celui du coeur qui apprend a aimé gratuitement. Merci !

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