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Un chocolat chaud pour Noël
La neige tombe doucement sur la ville, couvrant les toits d’un manteau blanc. Dans son petit studio, Élia observe les guirlandes lumineuses qui clignotent chez les voisins. On dit souvent que Noël est la fête des familles, des retrouvailles, des tables remplies et des rires partagés. Pour elle, c’est surtout la saison où les manques se font plus visibles, où les souvenirs pèsent plus lourd.
Cette année, elle a refusé l’invitation familiale. C’est une première décision audacieuse pour elle. Pas par rancœur, simplement parce que l’air y est devenu trop étroit, chargé de tensions qu’aucun présent ne peut réparer.
Elle décide d’enfiler son manteau et de sortir marcher. Elle avance lentement, respirant la nuit comme on respire une trêve. Au fond, Noël a encore du sens pour elle, mais pas celui que tout le monde attend. Ce qui compte pour elle, c’est la douceur, l’humanité, la simplicité : trois valeurs qu’elle s’efforce de garder vivantes.
Devant un petit café encore ouvert, une affiche attire son attention : « Ce soir : chaleur et chocolat chaud offerts à tous ceux qui en ont besoin ». Une invitation sans attentes, exactement ce qui lui manque en ce moment.
Elle entre. À l’intérieur, quelques personnes seules, elles aussi, partagent la même ambiance tranquille. Un homme lit en silence, une femme tricote une écharpe arc-en-ciel. Deux jeunes, un peu en retrait, jouent aux cartes. Le serveur lui tend une boisson chocolatée fumante. « Joyeux Noël… ou simplement bonne soirée! Ici, chacun choisit ce qu’il préfère! »
Élia hoche la tête et hume le parfum de cacao qui la réchauffe autant que la présence discrète des autres. Elle sent quelque chose se détendre en elle. C’est ça pour elle l’esprit de Noël : pas d’obligation d’être heureux, pas de réunions forcées, pas de cadeaux lassants, mais la possibilité de créer un espace où chacun peut exister comme il est. Un lieu où la bienveillance ne demande rien en retour.
Pour la première fois depuis longtemps, elle se sent à sa place. Là, entourée d’inconnus qui portent chacun leurs blessures, elle comprend que les familles peuvent prendre mille formes et que certaines se choisissent.
La neige tombe toujours dehors, mais dans le petit café, c’est un autre type de lumière qui brille : celle de cœurs isolés qui, l’espace d’une soirée, se donnent un peu de douceur et de présence.
Élia réfléchit à cette expérience qu’elle est en train de vivre et se dit que, parfois, dans les périodes plus sensibles comme Noël, il est facile de croire que l’on doive les affronter seul parce que notre réalité est différente de celle des autres. Elle, en tous cas, a longtemps pensé que c’était elle le mouton noir de la famille où la discorde est insoutenable. Mais plus maintenant alors qu’elle est sortie de ce chaos et se sent de mieux en mieux malgré la transition à vivre qui n’est pas facile tous les jours. Aujourd’hui, elle saisit que se vivre reliée à d’autres lui donne le droit de choisir vers qui se tourner… parce qu’elle a envie de vivre une humanité partagée, de s’ouvrir à de nouvelles présences bienveillantes, de vivre des conversations sincères et de laisser parler sa douceur. Elle a envie de croire que ça existe en elle et aussi en d’autres personnes… parce que c’est comme ça qu’elle est, elle, dans son être. Et Élia ne veut pas y renoncer.
Parfois, une seule connexion authentique à soi suffit pour éclairer une saison entière.
Diane Plante, formatrice PRH